Recherche

Autres articles dans cette rubrique

Accueil du site || Information || La reproduction

Pourquoi dire non à la reproduction ?

En effet, quoi de plus mignon qu’une portée de petits lapins ? La tentation peut-être forte de vouloir, ne serait-ce qu’une fois, laisser ses lapins se reproduire. Pourtant, cela comporte tant de risques qu’il vaut mieux y renoncer et faire stériliser sa lapine avant même la première portée. Cette rubrique vous expliquera pourquoi.

- Les abandons

Trop de lapins sont abandonnés chaque année car le grand public connaît et comprend mal leurs besoins. Les refuges sont saturés par le nombre d’abandons. Faire naître des bébés c’est prendre le risque de les faire adopter par la mauvaise famille et c’est aussi enlever sa chance à un lapin de refuge d’être adopté.

- La prolifération

Laisser son lapin se reproduire, c’est aussi courir le risque d’être rapidement submergé par un trop grand nombre de naissances. Après trois mois, les lapins sont en âge de procréer et les petits mâles pourront rapidement féconder leur mère ou leur sœur, avec tous les risques de consanguinité que cela comporte.

“L’exemple de Vanille et Chocolat : En juillet 2009, l’association a récupéré 2 lapins vivant dans une cours grillagée du 93. Malgré les mauvaises conditions de vie de ces lapins (très peu de nourriture pendant plusieurs jours, chaleur excessive...), Vanille a mis au monde 11 petits dès son arrivée à l’association. Deux sont morts, mais 9 ont survécu ! Nous les avons séparés dès leur sevrage, mais imaginez ce qui pourrait arriver à un particulier s’il se retrouvait avec une telle portée ! A l’âge de trois mois, les lapins sont nubiles et peuvent mettre au monde une portée (30 jours en moyenne de gestation).
- au bout de 4 mois, si chaque petit a une portée moyenne de 6 petits : 30 lapins (en comptant une nouvelle portée de la mère)
- au bout de 8 mois, si chaque petit a une portée moyenne de 6 petits : 180 lapins, etc, etc... Il nous a fallu plus de 8 mois pour parvenir à placer les 2 parents + les 9 petits dans des familles sérieuses. Cela est resté gérable car nous sommes une structure bien organisée, mais une telle organisation est impossible à gérer pour un particulier seul...”

- Les risques médicaux

Si vous ne connaissez pas le patrimoine génétique de votre lapin, vous risquez de faire mettre au monde des bébés mal-formés qui mourront probablement en bas âge, ou qui connaîtront une vie de souffrance.

Même si votre lapin est en pleine forme, rien ne garantit qu’il n’a pas des ancêtres porteurs de maladies héréditaires, qu’il n’y a pas eu de la consanguinité dans la famille, etc. Exemple de maladies fréquemment transmises par l’hérédité : la malocclusion

Si vos lapins viennent d’une animalerie ou d’un même élevage, il y a de grandes chances qu’ils soient de la même famille : les bébés seront donc consanguins et courront le risque d’avoir des maladies à vie.

En laissant votre lapine mettre bas, vous prenez surtout le risque de la faire mourir. En effet, une femelle qui n’est pas stérilisée a 80% de risques de mourir d’un cancer de l’utérus avant l’âge de 5 ans. De plus, une femelle qui porte trop souvent va rapidement être épuisée et peut en mourir.

De plus, il existe de nombreuses maladies qui peuvent toucher votre lapine pendant sa grossesse : exemple la toxémie de gestation qui tue 90% des femelles atteintes lors de la première semaine, même lorsqu’un traitement intervient...

Un lapin n’a pas besoin de se reproduire pour être équilibré. La stérilisation reste le seul moyen efficace pour empêcher votre lapin d’être constamment obnubilé par ses hormones. Alors pensez-y... Sachez que le risque médical encouru par votre lapin lors d’une stérilisation (si elle est effectuée par un vétérinaire compétent en lapin) est de moins d’1% !

Pour connaître les adresses de vétérinaires spécialisés NAC de votre région effectuant régulièrement des stérilisations, contactez l’association La dure vie du lapin urbain à l’adresse mail suivante : veto@ladureviedulapinurbain.com

Pour aller plus loin

- La stérilisation est-elle une mutilation ?

- D’un point de vue médical, la stérilisation des mâles comme des femelles répond à une exigence qu’on ne saurait minimiser : les lapines meurent en masse de cancers de l’utérus, et ce très jeune, la seule solution médicale, c’est la stérilisation. Récemment, on a porté à notre connaissance les cas de mâles qui mourraient de cancers des testicules, même si la fréquence est beaucoup moins importante que chez les femelles.

- La deuxième exigence est celle de la surpopulation des lapins domestiques en France : chaque année des milliers de lapins sont abandonnés et/ou euthanasiés, pourquoi alors vouloir mettre au monde des portées de lapereaux quand tant de malheureux attendent encore une famille ? Le jour où plus aucun lapin ne sera maltraité, abandonné, euthanasié, nous pourrons encourager une reproduction encadrée, et réalisée par des spécialistes conscients des exigences génétiques d’une telle activité. Malheureusement, les mentalités sont si peu respectueuses des animaux en France que ce jour n’est pas prêt d’arriver...

- La troisième exigence concerne celle du comportement social du lapin : c’est un être grégaire, c’est-à-dire qu’il a besoin de ses congénères pour se sentir bien, et la vie de couple ainsi que les comportements sociaux très ritualisés qu’elle génère (toilettage par exemple) sont très importants pour son équilibre psychique. Or, si vous décidez d’avoir un couple non stérilisé, la femelle va constamment être gestante, et vous serez obligés de la séparer constamment de son mâle. En quelques mois ou années, elle mourra d’épuisement et d’un cancer. Ce n’est pas une vie sociale digne de ce nom pour un lapin. Vous pouvez alors opter pour l’adoption de 2 femelles, mais leur vie ne sera jamais aussi enrichissante qu’une vie de couple, surtout si elles ne sont pas stérilisées.

- La quatrième exigence concerne le bien-être psychique du lapin : comme c’est un animal de proie, il est obligé de se reproduire très rapidement et très fréquemment dans la nature pour assurer la survie de son espèce. Il en va de même pour nos animaux domestiques, leurs hormones travaillent donc énormément et induisent des comportements de frustration, des sautes d’humeur, des troubles qui peuvent aller jusqu’à la mutilation. Que le lapin se reproduise ou non, les hormones travailleront à plein régime quoi qu’il en soit. Faire stériliser son animal c’est lui permettre de s’épanouir sans demeurer sous la dictature de ses hormones...

- Enfin, il faut se garder de tout anthropomorphisme ! L’acte sexuel chez les humains a beaucoup évolué au cours de l’histoire, et a été intellectualisé, codifié, ritualisé, et fait partie prenante de son comportement social tout comme de son équilibre personnel. Ce n’est plus seulement un besoin physique, c’est avant tout un acte contrôlé, un acte de plaisir et non une seule pulsion liée à notre statut de mammifère. Les raisons qui poussent un individu à s’accoupler avec un autre ne sauraient s’expliquer de manière simplement biologique(1)...

Il n’en va pas de même chez les animaux. La notion de plaisir dans l’acte sexuel d’un lapin existe peut-être (nous n’avons pas trouvé d’information à ce sujet), mais ce qui pousse le lapin à copuler ce n’est pas le plaisir, plutôt la réplique de comportements stéréotypés innés qui les pousse à agir sans que l’intellect soit partie prenante de leur choix(²). En d’autres termes, ils sont mus par une nécessité biologique, non pas un désir intellectualisé.

Un exemple pour mieux comprendre cette réflexion : si vous présentez une lapine à un lapin, il va probablement s’accoupler avec elle. Il se moquera bien de savoir si vous lui avait coupé récemment les griffes, si vous l’avez emmené chez le toiletteur, si elle est un teddy pur race extrêmement coûteux, etc. En revanche, les lapins seront attirés l’un par l’autre car ils auront des gestuelles codifiées et innées (parade nuptiale) et émettront des phéromones sexuelles. Leurs cerveaux respectifs décoderont l’information et le rapport sexuel aura lieu. Rapportez cela à l’homme et vous vous rendrez compte de l’absurdité de la comparaison. Pour ne prendre qu’un seul de ces points : l’homme au cours de son évolution a perdu 99% de ses gènes permettant de décoder les phéromones, et son organe destiné à les sentir et les transmettre à l’hypotalamus est complètement atrophié comparé à celui du lapin. Il ne sera donc pas réceptif à la communication chimique (ou très peu). L’homme sera plus sensible au comportement social (un être qui prend soin de lui, une tenue affriolante, une personne particulièrement intéressante, drôle, etc.)... Comparer la vie sexuelle d’un lapin à celle d’un humain, c’est donc faire de l’anthropomorphisme, et pour le bien-être de vos animaux, songez à la stérilisation !

Quelques ouvrages intéressants si on veut aller plus loin :
- 1. "Le sexe, L’homme et l’évolution", Pascal Picq et Philippe Brenot chez Odile Jacob
- 2. "Perception et communication chez les animaux", Stéphane Tanzarella chez De Boeck